Il suffit de partir quinze jours en vacances et toutes les news tombent en même temps, comme si tout le monde profitait de mon absence. Eh les mecs, je suis là, planquez vous ! En fait le seul truc dont j’étais au courant dans mon trou paumé où mon téléphone portable ne captait pas et où – comble du vide technologique – il n’y avait MÊME PAS de hotspot wifi, c’était que M. de Villepin dit « Premier Ministre » a avancé en loucedé la date d’application du CNE (Contrat Nouvelle Embauche) grâce auquel les gens pourront se faire virer selon le bon plaisir de leur employeur pendant leurs deux ans de période d’essai. Ça, comme d’hab, ils l’ont fait passer en plein milieu des vacances pour qu’on s’en rende pas compte alors qu’il n’y a qu’en vacances que les gens lisent les journaux puisqu’ils n’ont pas de télé.
Mais bien plus important, et ça je n’étais pas au courant, Apple a sorti une souris avec non pas deux, mais CINQ boutons. D’un certain côté les gens qui se riaient d’eux en disant qu’ils ne sortiront jamais de souris à deux boutons ont toujours raison… de plus, techniquement, elle n’a toujours qu’un bouton puisque les autres sont tactiles. Il n’empêche que nous allons certainement assister à une vague de suicides collectifs dans le monde des admirateurs du Mac, et il n’est pas impossible que lors de son keynote à Apple Expo à Paris un gros barbu avec un t-shirt « I ♥ Apple » monte sur scène et se fasse exploser en entraînant Steve Jobs et le nouvel iPod vidéo vers le paradis des bitniks capitalistes et des objets de consommation inutiles (respectivement). Mais passons.
La vraie nouvelle que tout le monde attendait, c’est que le CD d’installation de la version « développeur » de Mac OS X x86 a finalement fuit et que depuis tout le monde l’a téléchargé en espérant la faire fonctionner sur son propre PC. Malheureusement, il se trouve qu’Apple avait tout prévu : leur système est blindé, il n’est fait que pour fonctionner avec un processeur bien précis (un Pentium 4 à 2,7Ghz et des poussières), une carte mère bien précise, un chipset vidéo bien précis, un jeu d’instruction SSE3 minimum et en plus, pour couronner le tout, dans ce Mactel (Mac-Intel) il y a une puce dite « TPM » qui assure que OS X x86 ne se lancera que sur les PC « made in Apple » et pas sur les autres.
Laissez-moi approfondir un peu. TPM, c’est l’abréviation de Trusted Platform Module, autrement dit « Module de Plateforme de Confiance ». C’est une nouvelle puce dont vous, possesseurs de micro-ordinateur, allez certainement entendre parler d’ici peu alors qu’elle créent la polémique depuis plusieurs années chez les spécialistes. Elles sont à la base de ce qu’on s’appelle le TC (Trusted Computing, ou « Informatique de Confiance »). Le principe, que de grands groupes comme IBM ou Microsoft aiment bien, c’est de mettre dans votre PC une puce qui permet d’encrypter les données entre les programmes qui tournent sur votre machine, d’authentifier votre ordinateur sur Internet (comme une carte d’identité) et, en poussant un peu plus loin, de vous autoriser ou pas à utiliser les programmes installés sur votre ordinateur. Cela n’est pas de la science fiction, puisque toutes ces applications existent déjà sous des noms aussi divers et variés que « Trustworthy computing », « Safer Computing », « TCPA », « Palladium » ou « NGSCB ». Et ce n’est pas un hasard si lorsqu’on demande à des ingénieurs informaticiens de choisir entre un PC avec TC et sans TC, 75% d’entre eux choisissent un PC sans TC. Car si la technologie est intéressante (on peut imaginer que grâce à ce système les e-mails et connexions bancaires soient sécurisés à 100%), son application est soumise à caution lorsqu’on sait que l’intérêt de groupes comme Microsoft est en grande partie d’interdire l’utilisation de logiciels concurrents. Ces puces peuvent également être utilisées pour gérer des DRM (droits numériques), par exemple pour vous interdire de recopier plus de deux ou trois fois votre CD ou de contrôler vos fichiers pour savoir s’ils sont pirates ou si vous avez bien la bonne license pour écouter vos mp3. Microsoft va d’ailleurs dans ce sens puisqu’ils veulent carrément que tous les liens entre les différentes puces du PC soient cryptés et vérifiés. C’est-à-dire que si un logiciel (Winamp par exemple) n’a pas l’autorisation ad-hoc de Microsoft pour jouer de la musique, l’accès à la puce audio de votre PC lui sera interdit.
C’est donc justement dans ce cadre de DRM que OS X utilise une puce TPM. Sans cette puce, point d’OS X sur PC. Deux semaines après la fuite, sont donc sortis :
– Un patch pour court-circuiter la puce TPM
– Un patch pour court-circuiter l’installeur et autoriser d’autres processeurs que le Pentium 4
– Un driver réseau
– Des patchs CoreGraphics pour faire fonctionner d’autres cartes vidéos
– Un patch pour faire fonctionner le système en SSE2 au lieu de SSE3
Apple avait oublié un détail, c’est que les hackers sur PC sont nettement plus nombreux que sur Mac…
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