La restauration
Cette partie est plus technique, pour ceux que peut intéresser cet aspect de la restauration.
De la difficulté des sources différentes
À notre gauche : une copie numérique des masters d'AB productions.
À notre droite : une LD box en CLV prêtée par les frères
Hodos.
La
première difficulté rencontrée aura déjà
sauté aux yeux des professionnels de la vidéo : le LD est loin
d'avoir une qualité égale à des masters Beta. Il y a un
premier problème, qui est celui du signal : sur un LD, le signal vidéo
est enregistré en composite. Pour saisir les morceaux d'épisodes
qui étaient intéressants, j'ai utilisé un combiné
DVD/LD de Pioneer capable de restituer la vidéo en Y/C et ainsi limiter
(un peu) les dégâts. Au final, les artefacts du composite sont
tout de même bien visibles. Sur l'exemple ci-contre vous ne les verrez
peut-être pas et l'image du LD vous semblera d'un aspect "lisse"
alors que l'image Beta a un certain grain. Les artefacts du LD ne sont visibles
que lorsque la vidéo joue.
Le deuxième problème est encore plus simple : à des Beta
num en PAL, on oppose des LD en NTSC. Un monde de différence au niveau
de la résolution ! GameOne dispose de plusieurs transcodeurs universels
mais malheureusement, pour un problème dont je n'ai pas encore saisi
les causes, si la saisie est faite à une résolution différente
de celle de la source l'image est bardée de barre horizontales disgracieuses
- probablement dues à une mauvaise gestion de l'entrelacement. J'ai par
miracle réussi à contourner le problème en réduisant
la résolution verticale jusqu'à la faire correspondre avec celle
du NTSC. Au final, l'image avait une proportion de 1.60. Le reste est du tout
cuit : un coup de zoom vertical à 120% sur AVID (station de montage virtuel)
et le tour est joué, nous avons là un transcodage parfait. Malheureusement
les 20% de résolution qui sautent se voient trop, beaucoup trop... Le
NTSC est décidément bien moins net que le PAL, malgré tout
ce que j'ai pu croire jusqu'à présent. Toujours dans le même
exemple, vous remarquerez que les contours des objets sur l'image du LD sont
nettement plus flous que sur l'image de la VF.
Troisième et dernier problème : le télécinéma
semble utiliser des techniques différentes au Japon et en France, puisqu'il
y a une différence flagrante de couleurs. Je ne parle pas de réglages
de blancs ou de noirs mais bien d'un décalage de phase sur certaines
couleurs, et qui n'est pas le même selon les couleurs ! Naoki Haga m'a
fait part d'observations similaires sur des LD japonais de Saint Seiya. La seule
hypothèse que j'ai à ce sujet est la différence entre les
techniques de transfert utilisées (peut-être une différence
de lampe ?). En tout cas, les couleurs sont plus pétantes en VO, ne sont
pas souvent les mêmes et, pire que tout, les couleurs tendance "fluo"
(lasers, etc) sont vraiment fluo ! Bref, pour les génériques et
les scènes complètes, j'ai touché un minimum les réglages
de couleurs, et pour les plans à insérer dans les scènes
je m'en suis abstenu le plus possible car malheureusement une fois le bon réglage
trouvé, je me suis rendu compte à plusieurs reprises que cela
faisait ressortir tous les défauts du LD. Je me suis souvent contenté
de déphaser un chouilla les couleurs et de réhausser la luminosité.
Différences entre la VF et la VO
Un obstacle auquel je ne m'attendais pas du tout était, outre les différences
de plans changés, la différence de vitesse entre la VF et la VO.
En effet la VF est 4% plus rapide ! L'explication à ce phénomène
est très simple. En NTSC, pour transférer une pellicule cinéma
(24 images/s) en vidéo (30 images/s), on est obligé de recourir
à un transcodage qui duplique certaines images et en mélange d'autres
afin d'obtenir une fluidité dans le défilement des images et conserver
la même durée. Théoriquement, en PAL le procédé
est le même sauf qu'on passe de 24 à 25 images/s. Or, pour éviter
d'avoir a utiliser du matériel coûteux, jusqu'au début des
années 90 il était habituel d'accélérer légèrement
la pellicule pour la faire passer à 25 images/s. Résultat : une
vidéo accélérée, une bande-son qui l'est aussi,
et un doublage fait par-dessus tout ça. Le rêve ! Bien entendu,
c'est là la principale raison pour laquelle les épisodes en VF
sont plus courts qu'en VO puisqu'on perd un peu moins d'une minute de durée
sur 20mn de vidéo.
Pour le reste, les différences se situent principalement sur ce qui a
été changé a posteriori. La plupart
du temps il s'agit de coupes : le résumé de l'épisode précédent,
le panneau du titre, l'eye-catch (petite animation en milieu d'épisode
qui, lors de la diffusion TV, annonce les publicités) et enfin le panneau
"tsuzuku" (à suivre) et la fin de la bande-son qui l'accompagne.
En ce qui concerne les censures, on en note de trois sortes :
- des plans dont la vitesse a été changée ou remplacés
par d'autres pour masquer un défaut de la pellicule ou de la vidéo
(exemple : épisode 1)
- des plans remplacés par d'autres plans de la même scène
pour masquer des moments estimés "chauds" (exemples : épisode
6 ou 10)
- des plans ou des scènes carrément coupés pour des raisons
variant de trop "hot" (exemple : épisode 12) à des taches
ou des flaques de sang (exemple : épisode 22) ou encore plus simplement
parce qu'il y avait une chanson en Japonais. Les coupes sur des scènes
violentes ont souvent été du fait d'AB productions tandis que
les autres venaient de la version italienne.
Curieusement, certains plans ont également été REFAITS
pour la version LD de Nadia. Ils sont rares et courts, mais nous les avons conservés.
PAR CYRIL LAMBIN, 4/12/2000 FUSHIGI NO UMI NO NADIA / NADIA LE SECRET DE L'EAU BLEUE EST (C) 1990 GAINAX / NHK LA VERSION FRANÇAISE EST (C) AB PRODUCTIONS CE TEXTE NE PEUT ÊTRE REPRODUIT SANS L'AUTORISATION DE SON AUTEUR |